Le Secrétaire Exécutif du CERDOTOLA vient d’effectuer, le 13 avril 2017, une visite de travail au siège de la Fondation AfricAvenir à Douala. Cette visite a été marquée par deux actes majeurs : la signature d’un Accord de partenariat entre le CERDOTOLA et ladite Fondation, et la participation à l’ouverture de l’Ecole doctorale « Héritage et Innovations ».

La signature de l’Accord de partenariat entre le CERDOTOLA et la Focndation AfricAvenir, organisation non gouvernementale de droit camerounais, relève d’une volonté déjà ancienne d’officialiser les rapports soutenus qu’entretiennent les deux entités depuis quelques années. L’on se souvient notamment que le CERDOTOLA avait apporté une contribution substantielle à la restauration et à l’extension de l’immeuble abritant la bibliothèque Cheikh Anta Diop de la Fondation ; de même le CERDOTOLA a cofinancé la publication par AfricAvenir des deux volumes de l’ouvrage intitulé « Jèki la Njambè », dans une édition trilingue duala-ewondo-français. Sans compter la présence et la participation active des deux organisations aux rendez-vous scientifiques initiés respectivement d’un côté ou de l’autre. En procédant à la signature d’un Accord avec la Fondation AfricAvenir, le CERDOTOLA a voulu souligner son soutien constant et inscrire dans la durée cette coopération exemplaire avec une ONG scientifique et culturelle africaine performante, dont les efforts méritent l’attention et le respect.

S’agissant du deuxième acte de sa visite de travail, le Professeur Charles Binam Bikoi a prononcé un discours introductif dans le cadre de la cérémonie d’ouverture de l’Ecole doctorale mise en place par AfricAvenir. Le programme d’Ecole doctorale offre une large gamme d’enseignements, conçue autour de trois piliers : le savoir théorique, le savoir-faire et la pluridisciplinarité, dans l’optique de former des leaders africains en accord avec leurs origines et leurs environnements immédiats, tout en se montrant proactifs et compétitifs au niveau mondial. La session ouverte le 13 avril 2017 avait pour animateur le Professeur Grégoire Biyogo, éminent savant d’origine gabonaise. Les séminaires dispensés portaient sur les thèmes suivants : « Méthodologie et nouvelle épistémologie de la recherche doctorale et postdoctorale » ; « Historicité et scientificité autour de la question du paradigme des sources endogènes » ; « Etat de la recherche et nouvelles connaissances en sciences humaines et sociales ».

Le discours introductif du Secrétaire exécutif du CERDOTOLA s’est attaché à baliser la voie à ces précieux enseignements, en soulignant leur actualité et leur rattachement conceptuel aux orientations actuelles du CERDOTOLA, qui s’inscrivent dans une démarche de réinvention, d’appropriation et d’enracinement de la science dans la lettre et l’esprit des valeurs chères à l’Afrique.

« L’Afrique se réveille », a-t-il affirmé à l’entame de son propos. Et de partir des humanités kémites pour asseoir la Renaissance du continent afin d’envisager un réveil de l’Afrique susceptible d’impacter le monde à sa dimension maximale, parce que ce réveil doit s’enraciner. Il doit aller le plus loin possible dans ses fondations les plus solides, pour en considérer l’appropriation dans les deux sens : celui de l’adéquation à son milieu et celui de la prise de propriété par les dépositaires authentiques et les ayants droit.

Dans son propos, le Professeur Charles Binam Bikoi a tenu à indiquer un certain nombre d’ancrages méthodologiques rappelant que le mérite de la recherche se trouve dans son inscription positionnelle, dans les problèmes qu’elle pose et dans l’orientation principielle, davantage que dans telle ou telle réponse  spécifique apportée ou suggérée.

S’agissant de l’Afrique, puisque le Professeur Binam Bikoi a choisi d’axer son discours autour de sa place et de son apport au monde, l’orateur a rappelé que la clé du relèvement de l’Afrique reste l’enracinement. Un thème qui ressort par ailleurs des recommandations issues du Colloque International du CERDOTOLA 2015 qui avait pour thème « L’Afrique à la quête d’un développement culturellement soutenable : place et rôle des traditions africaines dans les dynamiques contemporaines d’émergence». L’orateur a repris ici une idée qui lui est chère, à savoir que le développement, l’émergence et la Renaissance de l’Afrique au XXIème siècle seront endogènes et culturellement soutenables ou ne seront pas. Il a rappelé l’un des apports originaux de ce colloque qui s’est achevé par la préconisation d’un nouveau Contrat Social de Développement dénommé ”Pacte Africain de Développement pour l’Émergence par les Traditions”  – PADETRA, lequel peut conduire à l’avènement d’un système économique alternatif corrigeant les travers du modèle dominant imposé à l’Afrique depuis sa soumission au Pacte colonial, mais modèle qui se révèle tout aussi triomphant qu’il est en faillite.

L’Afrique est de plus en plus reconnue comme futur moteur de la renaissance économique mondiale et divers facteurs et opinions persistants suggèrent d’ailleurs que le reste du monde le sait mieux que l’Afrique.

C’est donc à partir de son endogénéité que l’Afrique peut s’aider et aider le monde au maximum. Or, « l’émancipation de l’Afrique n’est ni neutre, ni contre le reste du monde ou même le système monde, comme on l’a vu avec l’économie. Elle est, sinon la clé, du moins une des variables décisives de la ré-humanisation et de ré-enchantement du monde ».

Le séminaire organisé par l’école doctorale de la fondation AfricAvenir, et dont les contenus s’inscrivent en droite ligne du mandat de l’Institution, participe à la projection et à la mise en perspective des débats en cours sur les rapports entre culture et développement, en même temps qu’il s’inscrit au cœur des enjeux de la reconsidération des cultures patrimoniales d’Afrique, dont le CERDOTOLA a fait l’épicentre de ses activités et sur lesquels sera axée la célébration annoncée de son quarantenaire tout au long de l’année 2017.

Le professeur James Mouangue Kobila, représentant du Recteur de l’Université de Douala, le professeur Grégoire Biyogo, le Prince Kum’a Ndumbe III et le Professeur Binam Bikoi, Secrétaire Exécutif du CERDOTOLA en compagnie des Participants.