Déclaration du 1er Forum Africain de la Musique

28 septembre au 02 octobre 2016 à Ségou (Mali)

A l’initiative du Conseil Africain de la Musique (CAM), branche africaine du Conseil International de la musique (CIM) de l’UNESCO, en partenariat avec le CERTODOLA, la Fondation Festival sur le Niger et Arterial Network, s’est tenu du 28 septembre au 02 octobre 2016 à la Fondation Festival sur le Niger le 1er Forum Africain de la Musique sur le thème : « La professionnalisation des acteurs de la filière musicale ».

Le Forum Africain de la Musique a constitué un cadre opportun pour engager une réflexion constructive sur les questions de la professionnalisation des acteurs de la filière musicale en Afrique. De nombreux invités du Sénégal, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Ghana, d’Afrique du Sud, du Kenya, du Mozambique, de la Tanzanie, du Benin, du Zimbabwe, d’Ouganda, du Congo Brazzaville, de la RDC, du Malawi, des Pays-Bas, du Rwanda, du Cap-Vert, de la France, du Maroc sont venus pour échanger avec leurs collègues maliens.

Au terme de deux jours d’échanges et de discussions très riches, un certain nombre de défis ont été constatés :

*  L’insuffisance d’une vision globale stratégique du développement de la filière musicale au niveau africain ;

*  La nécessité d’accompagner les mutations en cours dans les métiers de la filière musicale, notamment dans le domaine du numérique et des métas bases ;

*  Le défi de changement du système éducatif en mettant l’accent sur l’éducation artistique et la formation professionnelle continue, tout en intégrant l’héritage musical africain ;
*  La faiblesse du réseautage entre les professionnels du domaine ;

*  La difficulté d’accès aux marchés professionnels de la musique ;

*  Le déficit de compréhension de la mission sociétale dévolue aux artistes ;

*  Le manque de cohésion et de convergence entre les différentes initiatives de développement de la filière musicale ;

*  Les défis de la réinvention d’un modèle économique de la musique pour l’Afrique.

Pour relever ces défis, les participants au 1er Forum Africain de la Musique lancent cette déclaration appelée ‘‘Déclaration de Ségou’’ qui comporte des résolutions à l’intention des décideurs africains, des gouvernements, des institutions internationales et la société civile africaine pour la renaissance de la nouvelle musique africaine.

1.  L’élaboration d’une politique continentale du développement de la filière musicale ;

2. La création d’une nouvelle école sous régionale sur les métiers de la musique qui tiendra compte de l’évolution du numérique ;

3.     L’éducation et la formation des artistes à partir de nos identités culturelles ;

4.     La création des circuits sous régionaux pratiques entre les membres du forum à l’instar du Circuit Mandingue au Mali ;

5.     La constitution d’une documentation de la musique et l’établissement d’un répertoire des festivals d’Afrique ;

6.     L’élaboration d’une cartographie de la filière musicale permettant de favoriser le travail en synergie et aider les jeunes talents émergents ;

7.     La labellisation des festivals, des marchés importants, des recherches et des centres d’art (les membres sont donc invités à proposer une stratégie dans ce sens) ;

8. Le démarrage du réseautage avec une 1ère réunion des Directeurs de festivals d’Afrique au Congo Brazzaville en juillet 2017 ;

9. La promotion et communication sur les différentes initiatives de la filière musicale ;

10. Le renforcement et la promotion d’un partenariat public-privé et d’une véritable société civile, gage d’un bon équilibre et d’une meilleure gouvernance ;

11. La multiplication de plateformes sous régionales de réflexion et de production d’idées, tel que ce forum, pour le développement de la filière musicale sur le continent ;

12. La mise en place d’un modèle économique de la musique pour l’Afrique.

La nouvelle musique africaine se fera avec la professionnalisation à travers l’éducation, la formation et le réseautage, ainsi que la rentabilisation qui implique la contribution de la musique dans le développement socioéconomique de l’Afrique. Ceci a un lien avec le plan des industries culturelles (développé par l’UNESCO et l’UA), connu sous l’appellation de Plan de Dakar et plus tard le Plan d’Alger pour les industries créatives et culturelles.

Ce plan a le mérite de reposer la problématique de la production artistique et musicale dans un contexte où les nouveaux medias et le nouvel environnement ont généré un nouveau type d’homme et de nouvelles exigences auxquelles l’art et ses producteurs sont appelés à s’adapter.

Ce forum d’échange a donc servi de cadre pour poser les jalons de la réflexion scientifique sur la problématique de la musique africaine et augure de bonne perspectives pour les professionnels du secteur dans une Afrique qui s’exprime, qui s’affirme et qui s’assume.

Déclaration faite à Ségou, le 1er octobre 2016

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De gauche à droite

– Pr. Lupwishi Mbuyamba, Président du Conseil Africain de la Musique (CAM),

– Pr. Charles Binam Bikoi, Secrétaire Exécutif Du CERDOTOLA,
– M. Mamou Daffe, Président Du Festival sur le Fleuve Niger.
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1er Forum Africain de la Musique : COMMUNIQUE FINAL